Jean-Claude Anaf, Gare des Brotteaux et marteau d'ivoire
Archive publiée originellement le 8 novembre 1988
sur Atout Rhône
La maquette de la future salle des ventes de "l'Espace Brotteaux.
Maître Jean-Claude Anaf, commissaire-priseur
Personnage du XVIII ème siècle bien décidé à entrer de plain-pied dans le XXI ème, Maître jean-Claude Anaf s’identifie volontiers à l’Honnête homme du Siècle des Lumières. Elégant comme un dandy, il arbore des blazers cramoisis comme des tentures de Barbey d’Aurévilly mais vit à 100 à l’heure entre un meuble de Majorelle et une toile de Foujita.
C'est par hasard que ce Grenoblois de père lyonnais est devenu commissaire-priseur :
Je préparais ma licence en droit quand une amie avec qui je révisais, m'a mis au défi d'aller voir du côté des salles des ventes. Mes parents, amateurs d'art, m ’ont recommandé à Maître Pierre BLACHE. Il m ’a engagé pour un mois et là je suis tombé amoureux des gens qui venaient. Encore plus que des objets’. On connait la suite !
Sa passion en général n’a pas diminué d'un iota si son intérêt pour l’art l'a conduit successivement de la période 1900 marquée par Gallé et Luchat, à la Haute Epoque en passant par le style Napoléon El et le XVIIIe siècle.
"Il faut du rythme si l'on veut tenir les gens éveillés"
Louis XV ou Matisse
Un éclectisme progressif qui fait que chez lui, il n’y a rien ! “Mon métier veut que j ’aie de belles choses et j'aimerais une commode Louis XV en laque noire. Ou un Matisse. Des splendeurs qui coûtent cher, très cher. A la place, je me suis payé une gare”. Pas n'importe quelle gare : celle des Brotteaux. Dont Maître ANAF va faire une salle des ventes. "Sa” salle des ventes. Un fabuleux outil de travail qui va placer Lyon en excellente position sur un marché de l'Art qui se décentralise. Avec présentation des objets sur grand écran, système de conversion instantanée des monnaies pour les acheteurs étrangers, liaisons avec le Japon, les Etats-Unis,... à l’occasion des ventes exceptionnelles où il instrumentera avec les splendides marteaux d’ivoire de sa collection.
Du rythme
A 41 ans depuis quelques semaines, Jean-Claude ANAF repart de plus belle, annonce dix ventes inaugurales dans son nouveau chez lui fin février. Des ventes qu’il mènera tambour battant pour ne pas faillir à sa réputation de frapper du marteau à une cadence soutenue. " Parce qu'il faut du rythme si l'on veut tenir les gens éveillés et que la psychologie de l’acheteur interdit qu'on le laisse réfléchir trop longtemps".
Professionnel passionné, qui consacre 99%de son temps à son métier, il parle avec volupté et gourmandise de la vente, en 1984, de 53 tableaux de l’époque futuriste mussolinienne : Prampolini, Oriani, Fillia, “une merveilleuse vente avec deux traducteurs simultanés... On revendrait aujourd'hui, on multiplierait par 1000. Et encore, je suis en-dessous de la vérité !’’ Adjugé !
Article écrit par le magazine Atout Rhône en 1988.