« L’occase » aux enchères
Archive publiée originellement le 22 avril 1994
sur Couleurs de Saint-Priest
La vente aux enchères des véhicules à la faveur d’un public de plus en plus nombreux... A l’étroit dans ses anciens locaux, Jean-Claude Anaf s’installe ce mois-ci à Saint-Priest.
Le dernier numéro de l’Argus en poche, on se précipite sur ces ventes aux enchères publiques. Twingo, Renault 5, Peugeot..., les “françaises” ont la cote surtout dans le milieu de gamme. Les BMW, Mercedes, Jaguar (ces dernières sont plus rares), remportent un certain succès d’estime, les modèles venus de l’Est, comme les Lada, attirent la curiosité, mais la palme revient aux modèles diesel de petite gamme. On se les arrache.
“Avec 300 à 400 voitures vendues par semaine, Lyon se place en deuxième position après Paris”, estime Me Jean Martinon, associé de Me Anaf. Le chiffre d’affaires total de ces ventes lyonnaises avoisine les 450 millions de francs et représentes en moyenne 50 % de l’activité des études, dont le marché de l’art a connu un tassement ces dernières années.
On a assisté récemment à une inversion de tendance de la part de la clientèle : les particuliers ont dépassé les professionnels représentés surtout par les garagistes. On vient à Lyon de toute la région Rhône- Alpes mais aussi de Marseille, Nîmes, Bordeaux, etc, voir des pays de l’est, mais c’est plus rare.
Chez Me Anaf, les particuliers représentent 80 % des acheteurs, ils sont 65 % chez Me Loïc Conan et 55 % chez Maîtres Chaussin, Brémens et Guillaumot. Principalement, ce sont des personnes à revenus modestes qui viennent ici faire une bonne affaire. Car tous les commissaires-priseurs le disent : “des bonnes affaires il y en a, à condition de respecter certaines règles”.
Etre prudent
“Il faut venir deux ou trois fois avant pour voir comment cela se passe et rechercher les avis des personnes compétentes, ne pas se laisser emporter et se fixer un prix plafond”, conseille Me Jean Martinon. “Nous ne sommes pas des garagistes, et on n’est pas dans la voiture. C’est une vente sans garantie et elle est définitive, sans recours possible. Les acheteurs ont intérêt à venir voir les modèles lors des présentations, avant la vente, accompagnés d’un technicien, et ne pas acheter sur l’aspect extérieur du véhicule », renchérit Me Conan.
Mais ces ventes sont loin d’être sauvages. Toutes les voitures ont subi un contrôle technique, quel que soit leur âge, elles proviennent de sociétés de crédit, d’entreprises qui avaient un leasing, ou de saisies. De plus, on peut faire tourner le moteur, y plonger les bras et examiner la voiture sous toutes ses coutures. Enfin il faut savoir que l’achat se fait comptant avec en plus 10,674 % du prix, qui correspond à la commission du commissaire-priseur, et le coût du contrôle technique, soit 350 francs environ.
Les règles de prudence respectées, il est vrai que les bonnes affaires sont à portée de main. En général on peut acheter une voiture à prix inférieur de 20 à 30 % du prix de l’argus. “Si vous achetez ainsi une voiture haut de gamme comme une Safrane, bien sûr vous aurez la consommation d’essence supérieure, la vignette, l’assurance..., mais au bout du compte vous pouvez la revendre au bout d’un an et vous constaterez que vous avez roulé gratis”, affirme Me Conan qui se souvient par ailleurs d’une Mercedes 100 diesel 1981, avec 262 000 kms au compteur, adjugée 25 000 Francs.
Les effets de la crise
Ce véritable “boom” sur les ventes aux enchères des voitures s’explique en partie par la crise économique. “Les personnes viennent à la voiture d’occasion et la durée d’une voiture entre les mains d’une même personne est passée de 2 à 3 ans”, souligne Me Conan. Bien sûr, il y a d’un côté une contraction de la flotte car les crédits sont plus rares et les organismes font plus attention à la solvabilité des clients.
Les ventes de voitures neuves ont baissé et les procédures de règlement des contentieux bénéficient un peu plus aux débiteurs. Mais le parc de voitures des sociétés qui ont déposé leur bilan augmente. Ainsi le marché de “l’occase” a de beaux jours devant lui pour le particulier qui sait être attentif, et pour les commissaires-priseurs. Jean Forget
Me Jean-Claude Anaf quitte Moins pour ouvrir un nouveau centre de ventes aux enchères de véhicules. Porte des Alpes à Saint Priest, rue Bernard Palassy. Sur 30 000 m2. On trouvera là un centre de lavage, un autre de contrôle des véhicules. Et une valorisation de la vente avec une rampe de présentation de voitures à 70 cm du sol, un système d’aération et une sécurité maximum. Les premières sont prévues les 26 et 28 avril. Me Loïc Conan lorgne lui aussi sur l’Est lyonnais pour s’agrandir, avec un grand projet, encore secret, qui pourrait bien atterrir à Saint Priest.
Article écrit par Jean Forget, le 22 avril 1994, Couleurs de Saint-Priest